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Comment libérer sa stratégie grâce aux signaux faibles ?

La crise sanitaire que nous traversons (que nous avons traversée ?) a impacté les entreprises sur plusieurs plans : incertitude de résultats, inquiétude des collaborateurs, nouvelles organisations du travail. L’adaptabilité a ses limites et beaucoup de dirigeants et managers ont plongé dans un état de désorientation. Le contexte a atteint un niveau de turbulence tel que les repères d’analyses du marché, les clés de lecture de leur organisation, les critères de compréhension de leur métier eux-mêmes ont parfois été vidés de leur sens, inopérants.



Dans cette crise, comme dans des temps plus sereins d’ailleurs, une profusion de signaux faibles émergent. Les repérer, les comprendre et les intégrer à la stratégie de votre entreprise peut vous permettre de prendre de la hauteur et de prévoir une feuille de route cohérente et innovante. A la clé, plus d’anticipation sur les incidents comme sur les tendances.


Que sont les signaux faibles ?


C’est Igor Ansoff, mathématicien et scientifique américain d’origine russe, qui a formalisé la notion de signaux faibles dans les années 1970. Celui que l’on considère comme le père fondateur de la gestion stratégique en entreprise présente les signaux faibles, comme des éléments permettant d’anticiper toute « surprise stratégique ».


Il s’agit d’une information fragmentaire, précoce, annonciatrice de futures grandes transformations de son environnement économique ou d’un événement important.


Quelle est la différence entre signaux faibles et signaux forts ?


D’après l’approche du prospectiviste Philippe Cahen, la distinction entre signal faible et fort dépend surtout du récepteur du message.


Quand il est perçu par une personne apte à l’analyser, le signal faible intrigue, interpelle, interroge. C’est un fait, un événement qui peut paraître paradoxal et qui inspire réflexion.


«L’intérêt du signal faible est dans ce qu’il déclenche en nous», résume Cahen.


Le signal faible émet avant le signal fort, information manifeste compréhensible de tous. Lorsque le deuxième se produit, la réaction à adopter est évidente et presque déjà tardive.


Pourquoi repérer les signaux faibles ?


Apprivoiser les signaux faibles permet d’éviter les incidents critiques.


Par exemple, une entreprise publie dans l’urgence une offre d’emploi (réaction) pour remplacer un arrêt maladie de longue durée qui vient d’être déposé (signal fort). Or, cela fait 6 mois que ce collaborateur montrait des signes de fatigue et de surcharge de travail comme des plaintes, retards, ou expressions d’un manque de motivation (signaux faibles).


Autre exemple, le bras articulé d’une machine qui assemble deux pièces casse (signal fort). Le bras est remplacé (réaction) après une interruption de la production de plusieurs jours. Or, la semaine précédente, un bug de ce même bras a nécessité un redémarrage de l’outil (signal faible). D’autre part, l’action en bourse du fabricant de cet outil a récemment dévissé après plusieurs incidents survenus sur ses machines aux Etats-Unis (autre signal faible).





Apprivoiser les signaux faibles permet d’être précurseur, de sentir les tendances.


Par exemple, une marque de vin français décide de se lancer sur le marché chinois. Pourquoi ? Car elle s’est tenu informée de l’évolution des consommations de vin en Asie et a noté une augmentation particulière en Chine. Car elle a noté que 10 collaborateurs d’entreprises chinoises ont visité sa page LinkedIn cette année contre zéro l’an dernier. Car elle a noté un intérêt croissant en Asie pour la culture française en général. Car elle a appris via la confidence d’un collaborateur qu’un concurrent avait eu un rendez-vous avec un responsable d’une chaîne de restaurant en Chine. Un signal fort aurait été que tous ses concurrents se soient implantés récemment en Chine.


Détecter les signaux faibles offre aux décideurs la possibilité d’anticiper les conséquences d’événements difficilement prévisibles qui menacent la survie économique de l’organisation. Cela permet aussi de rester compétitif, d’être le leader et pas le suiveur.


Comment repérer les signaux faibles ?


Les outils classiques permettant de détecter les signaux forts peuvent être utilisés pour détecter les signaux faibles à condition qu’ils soient orientés dans un réflexe « out of the box ».





Quelques bonnes attitudes à adopter :


  • Veille : je ne surveille pas exclusivement mon secteur

  • Étude de marché : je pose des questions qui changent

  • Benchmarking : je fouille des insights précis

  • Intelligence économique : j’optimise la circulation des informations


Au-delà des outils classiques, l’observation au sens large est la clé. Notamment via l’écoute, l’empathie et l’attention portée au comportement de ses collaborateurs, confrères, clients, cibles, concurrents et même de tout un chacun croisé dans le métro.


Mais ce qui rend les signaux faibles si fantasmés, si précieux et si recherchés, c’est qu’ils comprennent une part de hasard, un mix de chance, d’expérience et d’audace, de l’intuition.


Il n’y a donc aucun moyen de les anticiper ? Faux !


Deux techniques facilitent le repérage intuitif des signaux faibles :

  • confier la bonne zone d’observation à la bonne personne (en fonction de ses compétences professionnelles et personnelles)

  • Proposer un management bienveillant pour permettre aux collaborateurs de se sentir libres de porter leur attention sur des faits mineurs, leur laisser du temps pour développer leur créativité, leur manifester de la confiance.


Comment interpréter les signaux faibles ?


Selon Nicolas Lesca, professeur au Centre d’Etude et de Recherche Appliquée à la Gestion (CERAG) de l’Université de Grenoble, un signal faible est perçu lorsqu’il est confronté au groupe.


Un signal faible « ne peut pas être détecté et interprété par une personne isolée, travaillant dans son bureau, portes fermées et située dans un contexte organisationnel cloisonné. Selon nos retours d’expérience, la transversalité, la mise en commun, la comparaison, la confrontation des façons de voir les choses à un moment donné sont des conditions essentielles pour détecter et donner du sens aux signaux faibles. Cela exige donc l’organisation et la mise en œuvre d’un travail collectif pour susciter une forme d’intelligence collective qui dépasse la simple juxtaposition des intelligences individuelles. »


Lesca parle même d’une « création collective de sens » qui a pour objectif de transformer les signaux faibles en forces motrices pour les dirigeants et de produire des connaissances nouvelles.


Loin de prétendues capacités prophétiques, l’analyse des signaux faibles réside dans une implication concrète et des décisions pragmatiques axées sur l’humain avant tout. Il s’agit pour une organisation de trouver son chemin dans son environnement et de lui permettre de développer son agilité dans ce même environnement. Pour mieux vendre grâce aux signaux faibles, pour détecter les risques et les opportunités, pour libérer sa stratégie, écoute, confiance, bienveillance, goût de l’innovation et de la performance doivent vous guider.


Vous souhaitez apprendre à détecter les signaux faibles ? Vous voulez développer l’intelligence collective et apporter du sens et de la créativité dans vos équipes ? Votre stratégie a besoin d’une vision durable et innovante ? Contactez Sociacom.


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