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PLM et souveraineté numérique, vers un modèle industriel européen ?

Dans un monde industriel de plus en plus interconnecté, marqué par des tensions géopolitiques croissantes et la remise en question des chaînes d’approvisionnement mondialisées, la souveraineté numérique devient un impératif stratégique.

Loin d’être un simple sujet technique, elle touche à la capacité d’un continent, d’un État ou d’une entreprise à maîtriser ses infrastructures, ses données, et donc son avenir industriel.

Au cœur de cet enjeu se trouve le Product Lifecycle Management, véritable colonne vertébrale numérique de l'industrie moderne.

Mais qu'est-ce que le PLM ? Le PLM permet de structurer, centraliser et sécuriser l’ensemble des données liées au cycle de vie d’un produit, de la conception à la maintenance, en passant par la production. Il constitue une source précieuse d’avantages concurrentiels… mais aussi de vulnérabilités.




Une dépendance technologique préoccupante


Actuellement, une grande partie des entreprises industrielles européennes s’appuient encore sur des solutions PLM développées et/ou hébergées par des acteurs extra-européens, notamment américains tels que PTC. Ces solutions, bien qu'elles soient robustes et matures, impliquent l’hébergement de données stratégiques sur des infrastructures soumises à des juridictions étrangères, comme le Cloud Act aux États-Unis.

En clair : les données sensibles des industriels européens peuvent potentiellement être consultées par des autorités extérieures à l’Union Européenne.

Cette situation crée un paradoxe. A l’heure où l’Union Européenne renforce ses normes en matière de protection des données (RGPD), de cybersécurité (Cyber Resilience Act), et d’autonomie stratégique, ses acteurs industriels restent dépendants de plateformes numériques dont les centres de décision sont hors de sa sphère de souveraineté.


Est-ce que des alternatives européennes crédibles existent ?


Face à ce constat, l’Europe ne part pas de zéro. Des champions continentaux comme Dassault Systèmes, avec sa plateforme 3DEXPERIENCE, démontrent qu’il est possible de concevoir et de déployer des solutions PLM puissantes, interopérables, et alignées sur les exigences réglementaires européennes.

Ces plateformes ne sont pas seulement des outils techniques : elles incarnent une vision européenne de l’industrie numérique, fondée sur la transparence, la confiance et le respect de la souveraineté des données.

Pour autant, il ne suffit pas de disposer de technologies européennes. Encore faut-il créer un écosystème favorable, capable de soutenir l’innovation, d’attirer les talents, et d’encourager les industriels à faire le choix de solutions souveraines, même face à la domination commerciale et géopolitique de certains géants américains ou asiatiques.


Vers un modèle européen du PLM ?


Le débat sur la souveraineté numérique ne peut pas se réduire à une opposition binaire entre solutions européennes et non-européennes. Il doit être l’occasion de repenser plus largement les principes fondateurs du PLM à l’européenne :

  • L'interopérabilité : les systèmes doivent dialoguer entre eux sans enfermement propriétaire, permettant aux industriels de garder la main sur leurs données et leurs outils.

  • Une ouverture maîtrisée : partager des données tout en contrôlant qui y accède, selon les finalités, les droits, et le contexte industriel.

  • Une gouvernance distribuée : donner aux utilisateurs (ingénieurs, fournisseurs, clients...) un rôle actif dans la chaîne de valeur numérique, en dépassant le modèle du simple consommateur passif de données.


Le PLM est bien plus qu’un outil logiciel : c’est un levier stratégique pour l’autonomie industrielle européenne. En choisissant de soutenir un modèle fondé sur des infrastructures souveraines, des données protégées, et une gouvernance partagée, l’Europe peut affirmer une voie originale, éthique et compétitive face aux modèles dominants.

Mais cela suppose un engagement fort : politique, industriel et culturel.

La souveraineté numérique ne se décrète pas, elle se construit projet par projet, cloud par cloud, donnée par donnée.

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